mercredi 22 avril 2009

Alain Soral débat avec Tareq Oubrou sur le thème: " Français, musulman et patriote "


Egalité & Réconciliation Aquitaine organisait le samedi 18 avril à l’Athénée Municipale de BORDEAUX, une conférence sur le thème de l’Islam et du patriotisme français. Pour cet évènement, ER Aquitaine avait le privilège de recevoir en tant qu’intervenants, Tareq Oubrou, théologien et recteur de la mosquée de Bordeaux et Alain Soral, sociologue et Président de l’association Egalité et Réconciliation. Un débat avec le public suivait les interventions de nos invités. En voici des extraits en vidéo.

" Français musulman et patriote,
pourquoi la gauche antiraciste
et la droite islamophobe n'en veulent pas ? "



lundi 20 avril 2009

Réponse d'Alain Soral à l'appel lancé par Dieudonné M'Bala M'Bala en vue de constituer une liste en Ile-de-France aux élections européennes du 7 juin


Mon cher Dieudonné,

J'ai entendu haut et clair ton vibrant appel à l'union de tous les insoumis pour une liste en Ile-de-France aux élections européennes.

S'il s'agit de lutter contre le communautarisme, j'ai longuement écrit sur ses dangers dans plusieurs de mes livres, j'en suis !

S'il s'agit de s'opposer au sionisme, soit, non seulement de critiquer la politique de cet Etat étranger de moins en moins respectueux des fameux "droits de l'homme", mais aussi, et surtout, de dénoncer les ingérences chaque jour plus voyantes et pesantes du lobby pro-sioniste français dans les affaires de notre pays; agissements qui ne manquent pas d'avoir des conséquences néfastes, tant au regard des principes républicains que sur notre politique étrangère, j'en suis aussi !

Et comme ces deux axes de campagne ne sauraient constituer, à eux seuls, un programme électoral pour un scrutin européen, permets-moi d'y ajouter encore explicitement :

la lutte contre ce marchepied du totalitarisme marchand mondialiste, qu'est en réalité l'Union Européenne, pour une authentique Europe des Nations et des peuples pratiquant, sur le plan économique, ce protectionnisme raisonné appelé de ses vœux par Emmanuel Todd...

Sans oublier, bien sûr, la défense de la liberté d'expression la plus absolue. Une liberté bafouée et bâillonnée chaque jour plus durement en France par les groupes de pression communautaires. Autant de lobbies raciaux, confessionnels ou sexuels agissant au détriment de l'intérêt général, qui nuisent gravement au fonctionnement démocratique de notre pays; ce qui n'est pas sans rapport avec les thèmes de campagne précédemment choisis !

Quant à savoir quel sera mon rang et ma place sur cette liste d'authentiques résistants, et si l'association que je préside - à savoir Egalité & Réconciliation - sera présente ou non à mes côtés et à quelles conditions, je te propose que nous en discutions entre insoumis de tous bords intéressés à ce projet, sans exclusive et sans délai.

Bien à toi courageux et talentueux combattant !

Alain SORAL
Ecrivain et président d'Egalité & Réconciliation

La Beauté vue par Alain Soral


Alain Soral dans le magazine (non recommandé) Gloss, été 2004

Rêverie métaphysique sur l’identité, deuxième partie

Reprenons au point où nous en étions arrivés : Si la nation est un individu, elle a une essence qui en constitue l’identité. Mais cette essence peut être conçue comme sa destination (cause à la fois formelle et finale) à laquelle elle n’a pas encore abouti, plutôt que comme une constante présente en elle depuis le début. Autrement dit, comprendre l’identité nationale, ce n’est pas tant rechercher dans un passé immémorial une origine à laquelle il faudrait être fidèle — c’est bien davantage scruter à partir de la trajectoire nationale ce vers quoi un peuple s’achemine, ce à quoi il est promis, ce à quoi il se destine.

Mais est-il vrai que tout développement historique se fait dans le sens du déploiement de l’essence, de son actualisation progressive ? Est-il certain, comme le croit Hegel, que l’histoire est le dévoilement progressif de l’essence de chaque peuple dans sa vérité, et globalement de l’humanité même ?

Sur cette question, le modèle de notre conception de la Nation ne doit pas être la philosophie hégélienne de l’histoire, trop mécanique dans son déroulement, mais peut-être plutôt l’idée que l’Eglise Catholique s’est faite de son propre devenir. Comme le rappelle Pierre Magnard dans son livre Pourquoi la religion ?:
« C’est au Ve siècle, avec Vincent abbé de Lérins, que la notion de “tradition”, prend une valeur opérationnelle décisive. En son opuscule le Commonitorium, Vincent tente de répondre à la question suivante : “Existe-t-il une méthode sûre, générale et constante, grâce à laquelle on puisse discerner la véritable foi catholique d’avec les mensonges de l’hérésie ?” Il suffit, répond-il, de s’appuyer sur l’Ecriture et, dans l’explication de celle-ci, sur la “tradition”, c’est-à-dire sur “ce qui a été cru partout, toujours et par tous [quod ubique, semper et ab obmibus creditur]”. Ce principe mis en œuvre lui permet de rendre raison de la condamnation d’un certain nombre d’hérésies. Cette passation dans son intégrité et son intégralité du dépôt de la foi n’exclut pas un certain “progrès” dans l’intelligence du dogme, progrès qui n’a rien d’une altération : “Le progrès c’est que chaque chose se développe en demeurant elle-même ; le propre de l’altération c’est qu’une chose se change en une autre.” L’Eglise est comme une personne : elle grandit de façon continue, elle a une enfance, une jeunesse, une maturité, mais c’est la même, qui a la même foi. Ainsi en est-il du dogme chrétien : “Les années le fortifient, le temps le développe, l’âge le rend plus vénérable.” »

Ce texte est particulièrement lumineux en ceci que, d’une part, il admet en quelque sorte un dévoilement progressif de la vérité dans l’Eglise — un « développement dogmatique », selon la formule du Cardinal Newman — sans poser pour autant que ce déploiement soit automatique ni que la déviation soit exclue. L’hérésie est une possibilité toujours ouverte, et elle consiste, pour Vincent de Lérins, en une adultération, en un devenir par lequel l’Eglise, au lieu de devenir toujours plus elle-même, devient au contraire de plus en plus étrangère à soi.

Ce qui protège l’Eglise de l’hérésie, selon Vincent de Lérins, c’est la tradition, entendue, selon la formule de Pierre Magnard, comme « passation dans son intégrité et son intégralité du dépôt de la foi ». Ce « dépôt de la foi » est conçu non comme une chose morte et fixée à jamais, mais comme une semence toujours vive qui enfante sans cesse, qui peut produire sans relâche de nouvelles branches ou de nouveaux fruits sans devenir jamais étrangère à soi.

Ainsi peut-on admettre que l’essence est à venir, ou se dévoile et s’actualise de plus en plus dans la chose qu’elle travaille de l’intérieur, « comme l’aimé attire l’amant », selon le mot d’Aristote caractérisant Dieu comme « premier moteur ». Mais cette inquiétude suscitée en chaque chose par l’appel de son essence, qui tend à l’arracher à sa présente condition, peut aussi induire un mouvement d’égarement et de perdition. Une fois arraché au repos, on peut rouler à l’abîme. De telle sorte que la seule manière d’advenir vraiment à soi — de se tenir fermement orienté vers son essence la plus propre —, c’est de se guider, en répondant à cet appel provenant de l’avenir, sur l’équivalent, dans le domaine qui nous intéresse, de « ce qui a été cru partout, toujours et par tous ».

Car enfin, notre propos n’est pas ici de traiter de religion, mais d’identité — identité de l’individu, identité régionale ou nationale. Nous reviendrons plus tard sur l’articulation de l’une et de l’autre chose. Pour l’instant, tirons de Vincent de Lérins l’idée selon laquelle, pour advenir à soi, il faut assumer une tradition, tradition dont le propre est d’être transmise et reçue.

Pierre Magnard, dans le même livre, présente la notion de transmission par contraste avec celles de tradition et transformation :
« Transmission. Ce mot traduit le latin translatio, souvent usité dans le syntagme translatio imperii, qui désigne la passation continue du pouvoir afin d’assurer la pérennité de l’empire. Cette passation s’effectue dans la reproduction de gestes inauguraux qui constituent toute l’effectivité de ce pouvoir. Il s’agit, on le comprend, d’une affaire de fondation ou de re-fondation. Le geste inaugural évoque l’origine qui se cachait dans le commencement, il en est la reprise, la réactualisation. C’est bien une affaire d’autorité qui se perpétue à la faveur de ce déplacement d’origine. Ces gestes sont ceux du prince dans l’exercice de ses fonctions, qui perpétuent le rituel sacerdotal de celui qui est prêtre et roi, mais ils sont aussi ceux du père de famille en charge du domaine qu’il s’agit de transmettre aux générations futures, ceux des magistrats en charge de la cité, ceux des maîtres en charge d’un savoir ou d’un savoir-faire. »

Reprendre le legs du passé en le recréant, en l’assumant comme une tâche à accomplir, comme ouvrant un horizon plutôt qu’il ne borne la liberté, voilà à quoi nous sommes appelés.

Le même Hegel, qui voit en l’histoire le déploiement progressif de l’essence dans le phénomène, surmontant leur opposition, et qui par conséquent voit à bien des égards l’essence comme chose future, comme vocation qui nous appelle depuis l’avenir, est aussi l’auteur de cet aphorisme sidérant :
« L’essence, c’est l’être passé, mais intemporellement passé. »

Cette formule insolite reprend d’ailleurs l’intuition fondamentale d’Aristote qui définit l’essence « to ti èn einai », « ce que l’être était », forme passée qui ne renvoie à aucun temps révolu, mais qui donne à entendre que les vérités essentielles sont toujours représentées par des mythes renvoyés à un passé primordial, un passé qu’on ne saurait dater, un temps d’avant le temps.

Et tel est aussi notre rapport à l’identité ou à l’essence nationale : nous cherchons la vérité de notre avenir le plus propre dans un récit d’origine, dans la mémoire de l’Histoire. Ce faisant, nous nous trompons et nous ne nous trompons pas : nous sommes dans l’erreur quand, après avoir tâché d’identifier les « bons et anciens usages », nous croyons que toute évolution est déviation, voire hérésie. Mais nous avons raison en ceci, que seule la réappropriation de l’esprit de nos ancêtres — l’équivalent national de ce qu’est pour l’Eglise « ce qui a été cru partout, toujours et par tous » — peut nous guider dans le déploiement vivant de l’essence nationale, « progrès qui n’a rien d’une altération », pour la préserver de la déchéance et de l’aliénation.

Voici, résumée en trois points, quelle est notre thèse politico-métaphysique :

[1] Que l’essence de l’homme n’est pas son appartenance à une espèce animale, que l’homme n’est pas non plus une « existence qui précède l’essence », mais que son essence est ce qui ne se révèle que dans l’homme intégral, pleinement développé, « trois fois homme », selon le mot de Charles de Bovelles définissant le Sage — homme par la naissance, homme par la maturité du corps et homme par le plein déploiement de l’esprit, ou sagesse ;

[2] Que l’essence de l’homme ne se déploie qu’à condition d’assumer pleinement l’héritage de la tradition dans laquelle il est ancré par son histoire individuelle et familiale (l’essence est une identité future, ou destination, vers laquelle on ne peut s’orienter sans se réapproprier son passé) ;

[3] Qu’il y a, si l’on peut risquer ce terme, une forme de « spiritualité profane », ou « naturelle », qui consiste dans le réenracinement régional et national — autrement dit, que pour accéder à un premier degré de la perfection dont il est capable, l’homme doit commencer par s’élever à la hauteur de son identité comme membre et héritier d’une communauté culturelle régionale et nationale ;

[4] Que, pour aller plus avant, c’est-à-dire surmonter encore ce qu’a de limité ce processus d’incarnation de l’essence culturelle régionale et nationale, il faudrait aller au-delà du registre proprement politico-métaphysique et passer à l’ordre surnaturel de la religion — « spiritualité sacrée », ou « surnaturelle ». Cette spiritualité-là n’est pas notre affaire, à Egalité et Réconciliation, non pas au sens où nous voudrions la nier, mais parce que notre œuvre à la fois éthique et politique s’achève sur le parvis du temple, Eglise ou Mosquée, qu’importe, selon l’inspiration qui touchera tel ou tel, s’il aspire à répondre à cet appel.

Ainsi, la pratique politique, le militantisme, n’est-il pas à concevoir, selon nous, comme un pur acte d’abnégation, de don de soi, de renoncement au service d’une bonne cause. C’est aussi, telle que nous percevons cette praxis, un moyen, pour parler comme Spinoza et ses commentateurs, d’« augmenter notre puissance d’agir, de sentir et de penser » — non pas déjà de nous sanctifier, mais au moins d’accéder à un certain degré de la perfection humaine.

Le militant qui assume cette perspective métaphysique sur l’identité nationale est empli de ce que Barrès appelait l’« énergie nationale », non par l’effet d’un enthousiasme tout subjectif, mais parce qu’il renoue réellement ainsi avec ses propres racines, avec la terre nourricière où il plonge ces racines.

Tel était notre second point, sur la manière dont l’individu se réconcilie avec son avenir le plus propre, avec son destin, sa vocation, en se replongeant dans la tradition — sans devenir pour autant plus passéiste, plus nostalgique qu’il ne faut. Car enfin, la seule nostalgie qui vaille, le seul appel auquel il faille prêter l’oreille, ce n’est pas le chant des sirènes, mais l’appel d’Ithaque, la convocation au Lieu Naturel, à la véritable patrie, qui, quoi qu’elle soit ici même, a encore le caractère d’une Terre Promise.

Sébastien Rouen - E&R

Compte-rendu de la conférence de Pierre-Henri Bunel

Le 8 avril 2009, le Club de la Cité recevait le Commandant Pierre-Henri Bunel à l'occasion d'une conférence portant sur l'américanisation et la globalisation. Ancien officier de renseignement, artilleur de formation, américaniste et arabisant, observateur de l'ONU en Israël-Palestine, ayant participé à la Guerre du Golfe (1990-1991) et à la Guerre de Bosnie (1995), il fut médiatisé un temps après été condamné à la prison ferme pour avoir transmis à un officier serbe les plans de frappe de l'OTAN sur la Serbie en 1998. Depuis sa libération il publia une série d'ouvrages et d'articles consacrés aux "Crimes de guerre de l'OTAN" ou aux "Menaces islamistes". Depuis le 11 septembre 2001, il s'est rapproché de Thierry Meyssan et rédigea un des chapitres du "Pentagate". E&R Nice-Nissa était présent.

Avant de commencer la conférence à proprement parler, P.H. Bunel présenta son parcours professionnel et son positionnement politique. "Je ne suis ni de droite, ni de gauche. Je me sers de mes deux jambes, la droite et la gauche, pour avancer et je ne vais jamais là où l'on me force à aller" précisa-t-il. Puis ajouta : "Actuellement, le courant dont je me sens le plus proche est Debout la République et son président Nicolas Dupont-Aignan, mouvement dont je suis adhérent".

Attaché à une tradition d'analyse géopolitique associant Histoire, Economie et Géostratégie, il remonta à la fondation des Etats-Unis et à la guerre d'Indépéndance, puis fit un long développement sur la politique étrangère américaine depuis le 19ème siècle jusqu'au retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN. Ce rappel historique très didactique, fut agrémenté de nombreuses anecdotes sur son parcours de militaire et de diplomate français tant au Prôche-Orient que dans les Balkans. Il évoqua l'existence de véritables camps de concentration sur le territoire israélien, dont celui de Qeziost, dont les détenus palestiniens sont capturés lors de rafles clandestines - rappelant les tristement célèbres opérations "Nuit et brouillard"... Il interpella également le public attentif et curieux - de nombreuses questions furent posées tout au long de la conférence - au sujet de la livraison aux Emirats Arabes Unis par la France de missiles de croisière de dernière génération, de type Black Shahin, dérivés des missiles français Apache. Selon P.H. Bunel, ces missiles ont pu être livrés depuis au Pakistan, voire à l'Iran, ce qui permettrait au "Pays des Purs" de disposer de vecteurs à haute performance capables de frapper tant les Saouds, que les intérêts américains dans le Golfe ou bien encore... Israël...

Il rappella également son amitié sincère envers le peuple américain "chaleureux et attachant", au sein duquel il a conservé de nombreux contacts, notamment des militaires. Mais il ne se fait aucune illusion vis à vis des élites de Washington, oeuvrant contre leur peuple et contre l'Humanité, et dont il faut toujours se méfier, l'Histoire l'ayant maintes fois démontrée...! Pour lui, la subversion états-unienne en Europe n'est pas incarnée par la Perfide Albion comme le pensent souvent les Nationalistes et les Gaullistes, mais par l'Allemagne, véritable cheval de Troie de l'Euratlantisme. La fin du couple franco-allemand initié par De Gaulle - dont le dernier avatar était la position courageuse du gouvernement Schröeder en 2003 aux côtés de Paris et de Moscou, est une nouvelle avancée de l'hégémonie états-unienne en Europe.

Son réseau d'amitié s'étend également au monde arabe, depuis son détachement en Jordanie et ses missions en Palestine ou dans le Golfe, mais aussi en Serbie, pays fier et courageux, dont il prit la défense avec honneur... engagement qui lui coûta cher comme nous le savons.

Une question du public porta sur la récente "affaire Chauprade" et son lien avec l'"affaire Bunel", dix ans plus tôt. Réponse du conférencier : "Je ne peux pas parler à la place de Chauprade".

A l'issue de son intervention, il se livra à une séance de dédicace. Nos amis de la Librairie du Paillon installèrent pour l'occasion un stand à l'entrée de la salle sur lequel on pouvait retrouver le livre "black-listé" d'A. Chauprade consacrée au 11-9, le dernier Emmanuel Todd ("Après la Démocratie") ou encore les ouvrages de Pierre Hillard.

Bref, vous l'aurez compris, ce personnage brillant, sympathique et attachant, s'inscrit dans l'Axe du Bien, celui de la Résistance au Système aux côtés d'Alain Soral, de Dieudonné, de Thierry Meyssan, de Pierre Hillard, d'Aymeric Chauprade, d'Emmanuel Todd, de Nabe, de Michel Collon ou encore de Johan Livernette.
A l'Honneur et l'Insoumission !

Tristan - E&R Nice-Nissa

Après la République...

Dans un nouvel élan d’agitation épileptique, Sarkozy a demandé à Yazid Sabeg de faire des propositions en tant que « commissaire à la diversité et à l'égalité des chances » (poste obtenu suite au désistement de Malek Boutih…)

Qui est Yazid Sabeg ? Un homme d’affaires, dirigeant la société de services en ingénierie informatique CS (dont la majorité des activités concerne les domaines de la sécurité et de la défense). Soi-disant musulman, en fait franc-maçon, il s’intéresse à la politique via le centriste Eugène Claudius-Petit, le dirigeant, pendant 21 ans, de la SONACOTRA (principal gestionnaire de foyers de travailleurs migrants en France, aujourd’hui ADOMA). Il est membre de clubs de réflexion mondialistes comme l’Institut Montaigne (créé par Claude Bébéar, président du conseil de surveillance du groupe AXA) ou de l’IRIS et proche de diverses organisations ouvertement sionistes. Zélé promoteur de la discrimination positive, il fonde en 2002, son propre club, la Commission Laïque pour l'Égalité (CLÉ), avec l'aide de François-Aïssa Touazi, chargé de mission chez AXA (eh oui encore AXA) et ancien conseiller de Philippe Douste-Blazy (le parrain d’un des enfants de Yazid Sabeg) : on reste en famille… Pas mal pour des partisans de la diversité…

À noter que ce bon Yazid fut mis en examen en mai 2002, pour « exportation sans déclaration de marchandises prohibées » (on se demande lesquelles…) vers l'Angola, avant d'obtenir un non-lieu en 2004.

Ce rapport « sur la promotion de la diversité et de l'égalité dans le pays » compte « plusieurs dizaines de recommandations qui visent les domaines de l'éducation, de l'emploi, de la politique globale de renouvellement urbain, du programme de lutte contre les discriminations et de promotion de la diversité dans l'entreprise, les médias, et la vie publique » précise Yazid Sabeg.

Sur la centaine de pages du rapport, quatre sont consacrées à la « mesure de la diversité ». Pour Yazid Sabeg, mesurer la diversité ne signifie pas classer les personnes interrogées dans des catégories ethno-raciales, comme cela se fait aux États-Unis, mais les questionner sur leur sentiment « d'appartenance à une communauté » : concept aussi dangereux qu'anglo-saxon pour un pays comme la France.

Qu'est-ce-que c’est encore que cette histoire de « communautés » ?
Qui va fixer la liste des communautés auxquelles on peut prétendre appartenir ?
Y aura-t-il un cahier des charges pour définir son appartenance à l’une d’elles ?
Et si je ne suis pas noir et que je veux, à tout prix, faire partie de la communauté « noire », aurais-je droit à une dérogation ?

Prenons l’exemple de Dieudonné : à quelle communauté appartient-il ?
Bretonne ? Camerounaise ? Antillaise ? Noire ? Métisse ?

À quelle communauté appartient la majorité des Français qui sont, petit rappel : caucasiens, de confession chrétienne et d’orientation hétérosexuelle ?

Ces manœuvres hasardeuses sont antirépublicaines et constituent une étape supplémentaire dans l’effondrement du sentiment d’appartenance à une nation, censée être une et indivisible ! En jouant ainsi avec des concepts étrangers, l’apprenti sorcier de l’Élysée, fidèle à son obsession mondialiste, poursuit son projet de confettisation de la France !

Le projet de Concorde Nationale proposé par Égalité et Réconciliation se relevant de par sa cohérence, sa fidélité au contrat républicain et à l’esprit français, le seul à pouvoir sauver le pays de la babélisation et de ses conséquences tragiques.

James G - E&R

Jet vain

Du sommet du G20 tenu à Londres la semaine passée la sommité du Figaro, Etienne Mougeotte, a claironné à la Une de son journal ces propos Allegro molto: « les chefs d’orchestre bousculés d’un monde en ébullition ont eu le grand mérite d’écrire à Londres les premières mesures de la symphonie du nouveau Monde ».

Sans doute, Anton Dvořák, musicien tchèque, l'auteur de la Symphonie du Nouveau Monde, avait-il lui aussi, plus modestement, voulu traduire son éblouissement devant sa découverte d'un nouveau monde : l’Amérique.

A talent moindre, exaltation moindre.
Il semblerait que le sommet de la hiérarchie de la Pyramide dorée illuminât(i) l'esprit supérieur de M. Mougeotte d'un éblouissement plus grand encore que celui ressenti par ce passionné de chemins de fer qu'était Dvořák, qui s'enthousiasmait naïvement, devant les locomotives de la Western Union, et la mécanique complexe des bateaux à vapeur dans le port de New York.

Cette symphonie était un d'homme simple, un génie universel mais aussi un farouche partisan des idées nationalistes, un militant pour la culture des pays de Bohême. Ceci explique l'ostracisme dont a été victime Dvořák de son vivant, et en particulier de la part de la critique française, déjà obtuse servile et haineuse, qui fustigea,"l'inspiration nègre" de la Symphonie n° 9 !
Est-ce cette même inspiration, qui inspire aujourd'hui à M. Mougeotte son enthousiasme symphonique?
Quoiqu'il en soit, rarement battage de cymbales et retentissements des cuivres furent aussi intenses et unanimes: radios, télés, "grands" journaux, tous les instruments à vent du Vieux Monde rivalisèrent de superlatifs.

Le soi-disant "Incroyable succès du G20" signe avant tout, la défaite de tous les États-nations et de la protection qu’ils ont offerte jusqu’ici à leurs peuples.
On peut dire que :
1°) l'hégémonie des États-Unis sur le monde entier en est sortie renforcée. Obama c'est juste un changement de look, pas un changement de ligne stratégique.
Paraître plus désireux d’écouter, de dialoguer et de comprendre le reste de la planète que son prédécesseur (c'est pas difficile), mais imposer à tous que ce qui est bon pour les USA soit considéré comme bon pour le reste du monde.

2°) les 20 chefs d'État et de gouvernement se sont mis d'accord pour confirmer le dégagement de 1100 milliards de dollars — plus de deux fois le budget annuel de la France — s'intégrant dans un ensemble évalué à 5000 milliards de dollars pour "un plan global pour un redressement", "un large soutien à nos systèmes bancaires afin de garantir les liquidités et recapitaliser les institutions financières, et régler définitivement le problème des actifs dépréciés." Cité par Informations Ouvrières.

3°) le bla-bla sur les paradis fiscaux pour amuser la galerie : d'aucuns se laissent illusionner par les discours enflammés d'Obama, Sarkozy et Compagnie contre ces fameux paradis. Vilipender "les paradis fiscaux", c'est comme si, dans un assassinat, on accusait.... le revolver!

Mais pour compenser ces milliers de milliards de dollars engloutis dans ces "hedges Fund", ces produits financiers pourris, on va continuer à détruire par millions les emplois dans les services publics et licencier à tout va dans le privé.
Fermer les écoles, les hôpitaux, réduire encore plus à la misère et au chômage* les vrais producteurs de la richesse véritable, enfermer la vie vivante, étouffer l'intelligence créative, le savoir-faire immémorial, dans les coffres-forts des banques centrales pour enrichir un peu plus ces spéculateurs, ces licencieurs, tous les accapareurs, toute la Vermine dorée du Vieux monde.

On voit déjà des banques américaines ayant profité de l'aide publique pour renforcer leur capital rachetant le même type d'actifs toxiques qui les ont mises en difficulté, avec, bien sur, le soutien de l'État.
Un G20 du Capital donc, un G20 ennemi du Travail, pour remettre en route leur mécanique en perdition, pour "relooker" un système économique défaillant et mortifère, pour écrire en lettres de sang, les dernières mesures de la marche funèbre du Vieux Monde.

Alors qu'attendons nous pour la porter en terre, cette charogne qui empuantit la terre de ses miasmes toxiques?
Pourquoi une puissante vague des travailleurs ne vient-elle pas nettoyer la Grève de tous ces détritus qui la souillent?
Écoutons un peu, l'opinion de ceux qui parlent au nom des opprimés:
Ségolène Royal :« la réunion du G20 devient crédible »
Martine Aubry :« Ce qui est surtout important maintenant, c'est ce que dit le président des États-Unis à l'Europe, à savoir que nous ayons des plans de relance et d'accompagnement social dignes de ce nom » ?
Le parti "communiste" "français", le NPA du Ruquier-révolutionnaire Besancenot et le Parti de Gauche du sénateur Mélanchon, dans un communiqué commun, ont critiqué les décisions du G20 comme, tenez vous bien, « symboliques » et « cosmétiques » !!!

Symboliques, cosmétiques, la destruction des économies, des nations, des travailleurs, d'un bout à l'autre de la planète pour satisfaire aux besoins d'une minorité de capitalistes et de voleurs?
Certainement pas, comme ne sera pas symbolique la destruction que subiront un jour, pas si lointain, tous ces appareils traîtres, partis et syndicats de la gauche corrompue, qui fait barrage contre le déchaînement de la puissante colère des masses.
Le Capital ne survit aujourd'hui qu'en faisant les poubelles du défunt mouvement ouvrier.
Et ce dernier ne continue de faire illusion que par le remplacement de la lutte des classes par l'antiracisme et le féminisme.

Félix Niesche - E&R

Petite leçon de métaphysique sur l’identité, première partie

Pour un nationaliste, la question de l’identité est évidemment centrale.

Toutefois, les auteurs politiques n’ont fait, en général, qu’embrouiller la question, faute d’avoir pensé à fond les catégories dans lesquelles ils ont posé les problèmes. Penser à fond, cela veut dire : penser au point de vue de la « science des premiers principes et des premières causes », c’est-à-dire, de la métaphysique. La métaphysique, contrairement à ce que l’on veut croire pour se dispenser de lui consacrer les efforts qu’elle requiert, n’est pas simplement « science des êtres immobiles et séparés » — une théologie spéculative conçue comme discipline qui s’appliquerait à s’élever à des objets que l’on croit communément étrangers au champ toute expérience possible, voire fermés à l’intelligence humaine. Elle est d’abord « science de l’être en tant qu’être », ou plutôt : « de l’étant en tant qu’étant », — autrement dit : un domaine de la philosophie qui s’attaque à la question difficile autant qu’énigmatique : « qu’est-ce qu’une chose ? ».

Avant en effet de se poser la question particulière de l’identité nationale, il faut se poser celle de l’identité en général, de l’identité comme telle.

L’identité, dit-on, est ce par quoi une chose est ce qu’elle est, « identique » à elle-même, différente de toute autre. C’est, à cet égard, la même chose que ce que la grande tradition métaphysique occidentale a toujours appelé l’essence.

On entend d’ici le chœur des ignorants entonnant sa ritournelle contre l’essentialisme. Non, disent-ils, l’identité nationale, ce n’est pas une essence, une « vérité éternelle » posée dès le début et encadrant pour toujours le devenir d’un peuple.

Hélas, ces déclamations contre l’essentialisme, qui ont peut-être leur place dans une copie d’étudiant de Sciences Po, ne l’ont pas dans une cervelle bien faite, qui a mûrement ruminé les grands textes de la métaphysique occidentale.

Certes, l’essence est conçue comme invariable ; mais rien ne nous oblige à la confondre avec la part d’une chose qui n’est pas soumise à variation, c’est-à-dire avec les caractéristiques de cette chose qui sont présentes en elles dès le départ et vouées à ne jamais changer, comme un noyau demeurant égal à lui-même en dépit de l’altération des « accidents », des aspects inessentiels — un dénominateur commun de toutes ses métamorphoses.

L’essence, dans la métaphysique occidentale, c’est avant tout la cause formelle, mais entendue, notamment dans le cas des vivants, comme cause finale : le vivant ne possède pas d’abord pleinement son essence, mais il est tendu vers elle comme vers son être le plus propre. L’enfant n’est homme qu’en puissance, il est tendu vers la plénitude de l’humanité, il ne la détient pas d’emblée. Il en est la promesse et comme l’esquisse. L’essence, à cet égard, n’est origine qu’en tant qu’elle est destination — mon être le plus propre qui en moi-même m’appelle et me requiert.

Rappelons brièvement, au risque de paraître scolaire, ce que sont les quatre genres de cause chez Aristote. La cause matérielle est ce dont la chose est faite (le marbre dont est faite la statue) ; la cause formelle est la même chose que l’essence, ou ce que nous appelons ici l’identité (la forme d’Apollon ou de Minerve façonnée dans le marbre, dans l’exemple traditionnel). La cause efficiente est ce qui produit ou altère effectivement cette forme dans cette matière (le travail du sculpteur). La cause finale est en somme la cause formelle pour autant qu’elle est ce vers quoi s’oriente le processus de façonnement — par exemple, l’idée de la forme d’Apollon ou de Minerve présente dans l’esprit du sculpteur tout au long de son travail.

La distinction de la forme et de la matière peut apparaître à certains esprits légers comme une vieillerie scolastique. Mais qu’ils méditent un peu sur le vivant et ils parviendront à cette conclusion certaine : le vivant est d’abord et avant tout un être qui n’a de cesse de reproduire sa forme propre dans une matière fluente, et ce n’est nullement la constance des mêmes parties matérielles qui fait que tel animal est ce qu’il est, mais une activité incessante d’auto-façonnement, de réagencement de nouvelles parties matérielles dans la même forme, en replacement des parties perdues. Le même exemple du vivant doit être également considéré à fond avant de rejeter comme caduques ou trop « artificialistes » les notions de cause efficiente et de cause finale.

Quand la chose est ainsi comprise, il n’y a plus opposition entre l’éternité ou l’intemporalité de l’essence d’une part, et les vicissitudes du devenir, d’autre part. Le devenir peut, et même tend naturellement, à être, du moins chez les vivants, un mouvement d’actualisation de l’essence — autrement dit, par lequel l’essence se manifeste, d’une part, et par lequel l’étant advient à sa vérité, d’autre part.

Plus précisément : le génotype semble bien gouverner un devenir du phénotype qui tend à se stabiliser une fois la forme adulte achevée. La nature, comme le dit Plotin, est un artiste qui travaille du dedans.

Maintenant, la question est : ce qui se dit à juste titre d’un vivant peut-il se dire d’un être collectif et donc, supposément, artificiel, comme l’est un peuple, une Nation, un Etat ?

La métaphysique occidentale a tendu à différencier nettement les vrais étants — les substances — des étants simplement apparents ou nominaux — les agrégats. Ainsi, par exemple, un animal vivant est une substance, il forme réellement, par soi, un « bloc » d’être, dont toutes les parties sont étroitement solidaires et ne peuvent être conçues séparément que par un effort de la pensée abstraite, qui dissocie artificiellement ce qui est naturellement conjoint.

La définition spinozienne de la substance est bonne : « ce qui est en soi et se conçoit par soi ». Les parties d’un vivant (ses organes, ses cellules…) peuvent certes être conçues « par soi », isolément, mais seulement moyennant une abstraction qui devrait être surmontée pour les penser à fond — ce qui supposerait qu’on les pense dans leur interconnexion, dans leur interdépendance. Le couronnement de l’anatomie est la physiologie ; la vérité de la physiologie n’est pas l’anatomie.

L’agrégat en revanche — un tas de sable — n’a rien par quoi ses parties seraient intrinsèquement rapportées les unes aux autres ; il n’en est que l’addition, l’accumulation ; autrement dit, il n’a d’être, comme tout, que pour une pensée qui le considère comme tel et lui prête un semblant d’unité.
Comme le dit judicieusement Leibniz : « ce qui n’est pas UNE chose n’est pas une CHOSE ».
Pour dire la pensée d’Aristote dans le langage de Leibniz : un individu est une substance ; une partie d’individu ne l’est pas ; un assemblage d’individus non plus — ce sont des agrégats.

La Nation semblant être du côté de l’assemblage d’individus, elle paraît n’être qu’un agrégat. Si tel était le cas, elle n’aurait pas d’essence au sens le plus fort. Et donc pas de vraie identité, si ce n’est une identité simplement constatée, inférée, — le dénominateur commun de ses multiples états, ou la part invariable qui se trouve par hasard subsister toujours égale en elle.

À moins que Michelet n’ait raison de dire que « la France est une personne », autrement dit qu’un être collectif peut être une substance au même titre que les individus dont il se compose.

Un seul philosophe classique a eu l’audace de le penser vraiment, quoique cette pensée soit pour le moins en germe dans la conception de l’Eglise comme un « corps mystique » (nous y reviendrons dans un article futur, essayant de penser la Nation à partir de quelques indications relatives à l’Eglise, tirée de Vincent de Lérins).

Ce philosophe, c’est Spinoza, qui, même si sa conception de l’essence est par ailleurs insuffisante (parce qu’il lui manque toute dynamique, du fait que les notions d’acte et de puissance sont inconnues de Spinoza), a ici apporté une pierre essentielle à la construction qui nous tient à cœur.

Dans la doctrine de Spinoza, un individu se caractérise par trois choses :
— Une essence, « rapport constitutif » invariable ;
— Un « conatus » ou « tendance à persévérer dans l’être » ;
— Et une puissance d’agir, seule variable, tandis que les deux autres paramètres sont constants.

Pour Spinoza, tout ce qui possède ces trois caractères est un individu, et le fait d’être un individu n’empêche pas d’être formé d’individus plus réduits ou d’être partie intégrante d’un individu plus large. Ainsi, une nation peut être un individu sans que les personnes qui la composent cessent d’être des individus et se trouvent réduits à n’être que des parties sans autonomie — de même que l’individu que nous sommes pourrait être composé de parties qui seraient elles-mêmes des individus.

Mais comment puis-je savoir si la nation est en effet un tel individu ? Comment vérifier qu’elle a bien une essence, autrement dit qu’elle est le même étant qui persévère dans l’être, qui se bat pour se maintenir en dépit des tribulations quelquefois désastreuses de sa puissance d’agir ?

Un critère facile à concevoir, quoique peut-être difficile à mettre en œuvre, peut nous servir : est une substance, et non un simple agrégat, ce qui possède une efficience (puissance d’agir) irréductible à la simple somme des efficiences des parties qui le composent. Si d’un agencement de divers phénomènes matériels ou mentaux se dégagent des effets qui ne s’expliquent pas par la simple sommation des actions des phénomènes composants, on a affaire à un individu.

Certes, ce critère, si on le met en œuvre, oblige à concevoir comme des individus des agencements tout à fait éphémères : ainsi, le couple homme-machine réalisé, par exemple, quand un homme conduit sa voiture, produit bien des effets qui ne s’expliquent pas par la simple addition des fonctionnalités de la voiture et des aptitudes humaines.

Admettons ces individus éphémères : après tout, l’assemblage de notre être physique et moral, si précaire, ne dure guère non plus, et cela ne nous empêche pas de revendiquer le statut d’individus au plein sens du terme.

Il est donc permis de concevoir, au moins au titre d’hypothèse, que la Nation est un individu et que la phrase de Michelet est plus ou moins vraie à la lettre, à condition du moins de changer le terme de « personne » par celui d’« individu » — la personne étant peut-être davantage, un individu conscient de soi, sentant, imaginant, pensant, désirant et voulant.

Si la nation est un individu, elle a une essence qui en constitue l’identité. Mais cette essence peut être conçue comme sa destination (cause à la fois formelle et finale) à laquelle elle n’a pas encore abouti, plutôt que comme une constante présente en elle depuis le début. Autrement dit, comprendre l’identité nationale, ce n’est pas tant rechercher dans un passé immémorial une origine à laquelle il faudrait être fidèle — c’est bien davantage scruter à partir de la trajectoire nationale ce vers quoi un peuple s’achemine, ce à quoi il est promis, ce à quoi il se destine.

C’est à partir de ce point que nous repartirons dans la suite de ce petit essai.

Sébastien Rouen - E&R

La vidéo qui fait mal

Récemment, une vidéo datant de décembre 2008 a fait « le buzz » sur Internet. Mise en ligne par un policier sur Facebook, elle a rapidement circulé et a été systématiquement censurée.

Cette vidéo, provenant d’une caméra de surveillance d’un bus de la RATP de nuit, montre un jeune usager se faire ratonner par une bande de « z’y va » pour avoir voulu récupérer son portefeuille qu’un membre de la bande lui a volé.

Non seulement l’usager « blanc » se fait tabasser, mais en plus les insultes racistes anti-français fusent.

Nous avons ici le résultat de 30 ans de politique anti-France, prolongée aujourd’hui par Nicolas Sarkozy, plus américain que français. A cela s'ajoute l’influence néfaste d’une sous-culture américaine (pseudo rap) « bling-bling » plus proche finalement de notre médiocre président de la République, adepte lui aussi des belles montres et des femmes objets, que de vrais opposants au système.

Alors que les médias officiels essaient de passer cet évènement sous silence, nous imaginons quelles auraient été les répercussions si la victime n’avait pas été blanche ou si elle avait porté une kippa…

Parce qu’à E&R nous savons faire la différence entre racailles, jeunes des banlieues et musulmans, nous pouvons nous permettre de nous prononcer comme étant radicalement anti-racailles et rappelons que ce n’est pas la religion (et donc une éventuelle islamisation) qui pousse ces jeunes à l’incivisme, à la violence et au racisme, mais bien l’américanisation.

Nous vous proposons de visionner cet incident et d’écouter quelques réactions. A noter que le policier à l'origine de la mise en ligne de cette vidéo a été placé en garde à vue...

E&R

Anti-impérialisme et libération nationale : Patrice LUMUMBA

Un jour, l’histoire aura son mot à dire, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseigne à l’ONU, à Washington, Paris ou Bruxelles, mais l’histoire qu’on enseignera dans les pays libérés du colonialisme et de ses marionnettes. L’Afrique écrira sa propre histoire. Une histoire faite de gloire et de dignité - Patrice Lumumba.


Quelques jours après avoir obtenu, le 30 juin 1960, son indépendance de la Belgique, le pays longtemps appelé Congo Belge et destiné à devenir le Zaïre fut livré au chaos, déchiré par des conflits entre différents individus, tribus et groupes politiques pour établir leur domination ou leur indépendance.

Les élections législatives furent remportées en mai 1960, par le Mouvement National Congolais (MNG) présidé par LUMUMBA, et en juin il fut donc nommé Premier ministre par le roi des belges, alors que plus tard, Kasa-Vubu, sera élu Président de la république de ce pays.

Le 23 juin 1960, Patrice Émery Lumumba devint donc le premier premier ministre du Congo indépendant. Il appelait à la libération aussi bien économique que politique de son pays, et ne refusait pas le contact avec les pays socialistes.

Lumumba commença par décréter l'africanisation de l'armée et doubla la solde des soldats, ce qui rendait impossible le contrôle du gouvernement congolais par l’ex-puissance coloniale. La Belgique, qui voulait protéger ses investissements massifs dans les minerais répond par l'envoi de troupes pour protéger ses ressortissants au Katanga (la région minière) et soutient la sécession de cette région menée par Moïse Kapenda Tshombé. Le 11 juillet, la province de Katanga, qui abrite le gros des gisements de cuivre, de cobalt, d’uranium, d’or et d’autres minerais du Congo, annonça en effet qu’elle faisait sécession. La Belgique apporta donc son soutien à l’indépendance du Katanga, prévoyant les avantages qui en découleraient : ses investissements seraient à l’abri dans un pays minuscule, qui ne devrait ni rendre de comptes, ni payer de taxes au gouvernement central de Léopoldville. De plus, le leader du Katanga, Moise Tshombe faisait preuve d’un intérêt tout particulier pour les investissements des Belges.

Les Etats-Unis, de leur côté, conscients des vastes richesses mises en jeu, et obsédés, comme d’habitude, par la lutte contre le « communisme » entreprirent également de contrôler la situation politique sur place. Le directeur de la CIA, Allen Dulles prédit « une prise de contrôle communiste aux conséquences désastreuses […] pour les intérêts du monde libre » et débloqua un fond d’urgence de 100 000 dollars pour remplacer le gouvernement de Patrice Lumumba par un « groupe pro-occidental ». Le président Eisenhower décréta qu’il serait « très difficile, sinon impossible de négocier avec Lumumba », et que ce dernier représentait « une menace pour la paix et la sécurité dans le monde ». Rien que ça ! Un ancien petit employé des postes de la jungle congolaise à la tête d’un pays exsangue représentait donc une grave menace pour un pays comme les Etats-Unis qui détenait pourtant le pouvoir d’anéantir, en quelques heures, toute velléité de rébellion dans la plupart des régions du monde.

Bien évidemment, une vaste campagne de presse menée aux Etats-Unis vint appuyer cette idée que les soviétiques par l’entremise de Lumumba étaient sur le point de mettre la main sur le Congo et que le monde entier courait un grave danger. Il faut dire que c’étaient surtout les intérêts financiers au Katanga de certains hauts fonctionnaires de l’administration américaine qui couraient alors un grave danger.

Les Etats-Unis soutinrent donc l’intervention militaire belge au Katanga au nom de la paix et de la stabilité du monde. Seulement, l’intervention des Belges fut particulièrement violente et meurtrière, ce qui amena l’ONU, notamment sous la pression de nombreux pays du bloc afro-asiatique, d’exiger le retrait des belges et leur remplacement par les forces de l’ONU. Cependant, on vous le donne en mille, les responsables de l’opération des Nations Unies au Congo étaient tous américains. Il faut dire que Lumumba n’avait pas non plus les faveurs de l’ONU dont il avait ouvertement critiqué la politique par trop pro-occidentale.

Ainsi, malgré les demandes répétées de Lumumba, les forces de l’ONU ne firent rien pour arranger la situation sur place. Lumumba demanda l’intervention de l’ONU qui envoya des troupes partout sauf au Katanga, et refusa de s’opposer à "l’indépendance" du Katanga dont elle n’ignorait pas l’illégalité. Les combats meurtriers continuèrent donc et le gouvernement de Lumumba dû même faire face à un second soulèvement dans une autre province du pays. Dans ce climat de confusion et de chaos, le président du Congo, Joseph Kasavubu décida de congédier Lumumba. Il faut dire que la CIA faisait, à coup de billets verts, un travail de persuasion remarquable auprès des politiques congolais. Seulement ce travail devait avoir ses limites puisque Lumumba, s’il n’avait plus les faveurs du président désormais entretenu par la CIA, bénéficiait du soutien affirmé du parlement congolais encore majoritairement indépendant. Lumumba fut tout de même démis de ses fonctions et sans pouvoir officiel continua malgré tout la résistance avec le soutien de nombreux congolais. Le parlement fut tout près de voter sa restitution lorsque Mobutu, numéro un de l’armée, prit le pouvoir au cours d’un putsch conçu par les Américains et assigna à résidence les dirigeants congolais.

Pendant cette période confuse où Lumumba n’avait plus réellement de pouvoir, « la CIA et les hauts responsables de l’administration américaine ont continué à le considérer comme une menace ». On disait que « son talent et son dynamisme seuls lui ont permis de rétablir sa position à chaque fois qu’elle semblait ruinée », que « c’était un orateur envoûtant, capable de convaincre les foules massives de passer à l’action », que « si on lui permettait de parler à un bataillon de l’armée congolaise, il en ferait ce qu’il voudrait au bout de cinq minutes ». (Rapport pour le sénat américain de la Commission d’Etude sur les opérations gouvernementales liées aux activités, 20 novembre 1975).

Fin septembre, un scientifique de la CIA, le Dr Sidney Gottlieb, arriva au Congo avec une « substance biologique mortelle » destinée à tuer Lumumba. Le virus censé engendrer une maladie mortelle indigène au Congo, voyagea dans la valise diplomatique. L’évolution des évènements au Congo voulut que le virus ne fût jamais utilisé, car le bureau congolais de la CIA ne put recruter un « agent de confiance dans l’entourage de Lumumba » avant la péremption de la substance biologique.

Pendant quelque temps, Lumumba fut protégé contre Mobutu par l’ONU, qui se voyait contrainte, compte tenu de l’intense pression internationale, de prendre quelques distances avec Washington. Ainsi, en octobre, son lieu de résidence est encerclé et il est maintenu en résidence surveillée. Mais fin novembre, craignant pour sa vie, il essaye de s’enfuir afin de gagner Stanleyville alors aux mains de ses partisans. Il ne réussit pas et est rattrapé par les soldats de Mobutu, frappé et molesté en présence de troupes ghanéennes de l’ONU, qui restent impassibles sur ordre de leurs supérieurs. Le 1er décembre, il est donc arrêté et emmené par les troupes de Mobutu. Un câble de la CIA, daté du 28 novembre, indique que l’Agence a participé à la chasse à l’homme. Le câble évoque la collaboration du bureau local de la CIA avec le gouvernement congolais pour installer des barrages routiers, et la mobilisation de troupes pour bloquer un itinéraire qui aurait pu permettre à Lumumba de s’échapper.

Lumumba, Maurice Mpolo et Joseph Okito sont donc détenus un temps au camp militaire de Thysville sur ordre de Mobutu. Le 17 janvier 1961, ils sont transférés à Élisabethville et ainsi livrés par Mobutu aux mains de leur ennemi numéro un Moise Tshombe, chef de la province du Katanga. Ils seront conduits dans une petite maison sous escorte militaire où ils seront ligotés, humiliés et torturés par les responsables katangais comme Moïse Tshombé, Munongo, Kimba, Kibwe, Kitenge mais aussi les Belges Gat et Vercheure. Ils seront fusillés le soir même par des soldats sous le commandement d’un officier belge. Mais, des documents secrets officiels belges, maintenant déclassifiés, dont la lecture ne laisse pas de doutes sur le fait que c’est bien la Belgique qui porte la plus grande responsabilité dans l’assassinat de Lumumba. Le comte Harold d’Aspremont Lynden, ministre belge des Affaires africaines et proche du roi Baudouin, n’écrivait-il pas le 5 octobre 1960 que l’objectif principal à poursuivre dans l’intérêt du Congo, du Katanga et de la Belgique est évidemment l’élimination définitive de Lumumba ? Ce sont des Belges, précise De Witte, qui ont dirigé toute l’opération du transfert de Lumumba au Katanga, jusqu’à sa disparition et celle de son corps. La Belgique était en effet le seul pays à avoir reconnu le Katanga comme état indépendant et sa petite armée était dirigée par des officiers belges. Le lendemain, une opération sera menée par des agents secrets belges pour faire disparaître dans l'acide les restes des victimes découpées auparavant en morceaux. Leurs dépouilles ne seront donc jamais retrouvées.

Plusieurs de ses partisans seront exécutés dans les jours qui vont suivre, avec la participation de militaires, ou mercenaires belges. Tshombé lance alors la rumeur selon laquelle Lumumba aurait été assassiné par des villageois. Ceci déclenche une insurrection parmi la population paysanne, qui prend les armes sous la direction de Pierre Mulele au cri de « A Lumumba » ou « Mulele Mai » : les paysans conquièrent près de 70 % du Congo avant d’être écrasés par l’armée de Mobutu.

En fait, assassiné à 36 ans, Lumumba a passé six ans de militantisme et six mois au pouvoir. Durant sa courte vie et encore sa plus courte « carrière » politique, Patrice Emery Lumumba aura tout synthétisé : la prise de conscience de l'oppression coloniale dans ses aspects les plus brutaux, ceux de l'administration belge ; la volonté d'indépendance, exprimée dans un défi sans concession ; le refus de tous les particularismes régionaux ou tribaux ; la méfiance à l'égard d'une « bourgeoisie nationale » trop prompte à se substituer au colonisateur ; le rêve d'une Afrique unie solidaire des autres mouvements de libération du Tiers Monde ; enfin, la coalition contre lui des petits traîtres locaux ainsi que des grands intérêts privés et publics étrangers.

Patrice Lumumba est depuis lors un symbole de l’anti-impérialisme reconnu à travers l’Afrique et le reste du Tiers monde. Comble de l’ironie ou du cynisme, Mobutu lui-même le consacra héros national en 1966 finit par construire un mémorial en l’honneur de sa victime. Le retour d'Égypte de sa femme Pauline et de ses enfants fut considéré comme un événement national. Le jour de sa mort, le 17 janvier, est un jour férié au Congo-Kinshasa.

Stéphane- E&R Aquitaine

vendredi 17 avril 2009

Fideliter

Le Président à vie Alain Soral

Le chef est l'image du père, le peuple est l'image des enfants,
et tous étant nés égaux et libres n'aliènent leur liberté que pour leur utilité.
Jean-Jacques Rousseau

Réponse de Proudhon à Marx

Mon cher monsieur Marx, je consens volontiers à devenir l'un des aboutissants de votre correspondance, dont le but et l'organisation me sem¬blent devoir être très utiles. Je ne vous promets pas pourtant de vous écrire ni beaucoup ni souvent : mes occupations de toute nature, jointes à une paresse naturelle, ne me permettent pas ces efforts épistolaires. Je prendrai aussi la liberté de faire quelques réserves, qui me sont suggérées par divers passages de votre lettre.

D'abord, quoique mes idées en fait d'organisation et de réalisation soient en ce moment tout à fait arrêtées, au moins pour ce qui regarde les principes, je crois qu'il est de mon devoir, qu'il est du devoir de tout socialiste, de conserver pour quelque temps encore la forme critique ou dubitative ; en un mot, je fais profession avec le public, d'un anti-dogmatisme économique, pres¬que absolu.

Cherchons ensemble, si vous voulez, les lois de la société, le mode dont ces lois se réalisent, le progrès suivant lequel nous parvenons à les découvrir; mais, pour Dieu ! après avoir démoli tous les dogmatismes a priori, ne songeons point à notre tour, à endoctriner le peuple; ne tombons pas dans la contradiction de votre compatriote Martin Luther, qui, après avoir renversé la théologie catholique, se mit aussitôt, à grand renfort d'excommunications et d'anathèmes, à fonder une théologie protestante. Depuis trois siècles, l'Alle¬magne n'est occupée que de détruire le replâtrage de M. Luther ; ne taillons pas au genre humain une nouvelle besogne par de nouveaux gâchis. J'applau¬dis de tout mon cœur à votre pensée de produire au jour toutes les opinions ; faisons-nous une bonne et loyale polémique ; donnons au monde l'exemple d'une tolérance savante et prévoyante, mais, parce que nous sommes à la tête d'un mouvement, ne nous faisons pas les chefs d'une nouvelle intolérance, ne nous posons pas en apôtres d'une nouvelle religion ; cette religion fût-elle la religion de la logique, la religion de la raison. Accueillons, encourageons toutes les protestations ; flétrissons toutes les exclusions, tous les mysticismes ; ne regardons jamais une question comme épuisée, et quand nous aurons usé jusqu'à notre dernier argument, recommençons s'il faut, avec l'éloquence et l'ironie. À cette condition, j'entrerai avec plaisir dans votre association, sinon, non!

J'ai aussi à vous faire quelque observation sur ce mot de votre lettre: Au moment de l'action. Peut-être conservez-vous encore l'opinion qu'aucune ré-forme n'est actuellement possible sans un coup de main, sans ce qu'on appelait jadis une révolution, et qui n'est tout bonnement qu'une secousse. Cette opinion que je conçois, que j'excuse, que je discuterais volontiers, l'ayant moi-même longtemps partagée, je vous avoue que mes dernières études m'en ont fait complètement revenir. Je crois que nous n'avons pas besoin de cela polir réussir ; et qu'en conséquence, nous ne devons pas poser l'action révolution¬naire comme moyen de réforme sociale, parce que ce prétendu moyen serait tout simplement un appel à la force, à l'arbitraire, bref, une contradiction. Je me pose ainsi le problème : faire rentrer dans la société, par une combinaison économique, les richesses qui sont sorties de la société par une autre combi-naison économique. En autres termes, tourner en écono¬mie politique, la théorie de la propriété, contre la propriété, de manière à engendrer ce que vous autres socialistes allemands appelez communauté, et que je me bornerai, pour le moment, à appeler liberté, égalité. Or, je crois savoir le moyen de résoudre, à court délai, ce problème je préfère donc faire brûler la propriété à petit feu, plutôt que de lui donner une nouvelle force, en faisant une Saint-Barthélemy des propriétaires.

Mon prochain ouvrage, qui en ce moment est à moitié de son impression, vous en dira davantage.

Voilà, mon cher philosophe, où j'en suis, pour le moment ; sauf à me tromper, et, s'il y a lieu, à recevoir la férule de votre main, ce à quoi je me sou-mets de bonne grâce, en attendant ma revanche. Je dois vous dire en passant que telles me semblent être aussi les dispositions de la classe ouvrière de France ; nos prolétaires ont si grand soif de science, qu'on serait fort mal accueilli d'eux, si on n'avait à leur présenter à boire que du sang. Bref, il serait à mon avis, d'une mauvaise politique pour nous de parler en exterminateurs ; les moyens de rigueur viendront assez ; le peuple n'a besoin pour cela d'aucune exhortation.

Je regrette sincèrement les petites divisions qui, à ce qu'il paraît, existent déjà dans le socialisme allemand, et dont vos plaintes contre M. Grün m'offrent la preuve. Je crains bien que vous n'ayez vu cet écrivain sous un jour faux ; j'en appelle, mon cher Marx, à votre sens rassis. Grün se trouve exilé, sans fortune avec une femme et deux enfants, n'ayant pour vivre que sa plume. Que voulez-vous qu'il exploite pour vivre, si ce n'est les idées modernes ? Je comprends votre courroux philosophique, et je conviens que la sainte parole de l'humanité ne devrait jamais faire la matière d'un trafic ; mais je ne veux voir ici que le malheur, l'extrême nécessité, et j'excuse l'homme. Ah ! si nous étions tous millionnaires, les choses se passeraient mieux ; nous serions des saints et des anges. Niais, il faut vivre ; et vous savez que ce mot n'exprime pas encore, tant s'en faut, l'idée que donne la théorie pure de l'association. Il faut vivre, c'est-à-dire acheter du pain, du bois, de la viande, payer un maître de maison ; et ma foi ! celui qui vend des idées sociales n'est pas plus indigne que celui qui vend un sermon. J'ignore complètement si Grün s'est donné lui-même comme étant mon précepteur; précepteur de quoi ? je ne m'occupe que d'économie politique, chose dont il ne sait à peu près rien je regarde la litté¬rature comme un jouet de petite fille ; et quant à ma philosophie, j'en sais assez pour avoir le droit de m'en moquer à l'occasion. Grün ne m'a rien dévoi¬lé du tout ; s'il l'a dit, il a dit une impertinence dont je suis sûr qu'il se repent.

Ce que je sais et que j'estime plus que je ne blâme un petit accès de vanité, c'est que je dois à M. Grün ainsi qu'à son ami Ewerbeck la connaissance que j'ai de vos écrits, mon cher monsieur Marx, de ceux de M. Engels, et de l'ouvrage si important de Feuerbach. Ces messieurs, à ma prière, ont bien voulu faire quelques analyses pour moi en français (car j'ai le malheur de ne point lire l'allemand) des publications socialistes les plus importantes ; et c'est à leur sollicitation que je dois insérer (ce que j'eusse fait de moi-même, au reste) dans mon prochain ouvrage, une mention des ouvrages de MM. Marx, Engels, Feuerbach, etc. Enfin, Grün et Ewerberck travaillent à entretenir le feu sacré chez les Allemands qui résident à Paris, et la déférence qu'ont pour ces messieurs les ouvriers qui les consultent me semble un sûr garant de la droiture de leurs intentions.

Je vous verrais avec plaisir, mon cher monsieur Marx, revenir d'un juge¬ment produit par un instant d'irritation ; car vous étiez en colère lorsque vous m'avez écrit. Grün m’a témoigné le désir de traduire mon livre actuel; j'ai compris que cette traduction précédant toute autre lui procurerait quelque secours ; je vous serais donc obligé, ainsi qu'à vos amis, non pour moi, mais pour lui, de lui prêter assistance dans cette occasion, en contribuant à la vente d'un écrit qui pourrait sans doute avec votre secours, lui donner plus de profit qu'à moi.

Si vous vouliez me donner l'assurance de votre concours, mon cher mon-sieur Marx, j'enverrais incessamment mes épreuves à M. Grün, et je crois, nonobstant vos griefs personnels dont je ne veux pas me constituer le juge, que cette conduite nous ferait honneur à tous.

Votre tout dévoué,
Mille amitiés à vos amis, MM. Engels et Gigot

Lettre de Marx à Proudhon

Mon cher Proudhon,

Je m'étais proposé bien souvent de vous écrire, depuis que j'ai quitté Paris ; des circonstances indépendantes de ma volonté m'en ont empêché jusqu'à présent. Je vous prie de croire qu'un surcroît de besogne, les embarras d'un changement de domicile, etc. ... sont les seuls motifs de mon, silence.

Et maintenant surtout sautons in medias res. Conjointement avec deux de mes amis, Frédéric Engels et Philippe Gigot (tous deux à Bruxelles) j'ai organisé avec les communistes et socialistes allemands une correspondance suivie, qui devra s'occuper et de la discussion de questions scientifiques, et de la surveillance à exercer sur les écrits populaires, et de la propagande socialiste qu'on peut faire en Allemagne par ce moyen. Le but principal de notre correspondance sera pourtant celui de mettre les socialistes allemands en rapport avec les socialistes français et anglais ; de tenir les étrangers au courant des mouvements socialistes qui se seront opérés en Allemagne et d’informer les Allemands en Allemagne des progrès du socialisme en France et en Angleterre. De cette manière, les différences d'opinion pourront se faire jour ; on arrivera à un échange d'idées et à une critique impartiale. C'est là un pas, que le mouvement social aura fait dans son expression littéraire, afin de se débarrasser des limites de la nationalité. Et au moment de l'action, il est certainement d'un grand intérêt pour chacun d'être instruit de l'état des affaires à l'étranger aussi bien que chez lui.

Outre les communistes en Allemagne notre correspondance comprendra aussi les socialistes allemands à Paris et à Londres. Nos rapports avec l'Angleterre sont déjà établis : quant à la France, nous croyons tous que nous ne pouvons y trouver un meilleur correspondant que vous : vous savez que les Anglais et les Allemands nous ont jusqu'à présent mieux appréciés que vos propres compatriotes.

Vous voyez donc qu'il ne s'agit que de créer une correspondance régulière, et de lui assurer les moyens de poursuivre le mouvement social dans les diffé-rents pays, d'arriver à un intérêt riche et varié comme le travail d'un seul ne pourra jamais le réaliser.

Si vous voulez accéder à notre proposition, les frais de port des lettres qui vous seront envoyées comme de celles que vous nous enverrez seront suppor¬tés ici, les collectes faites en Allemagne étant destinées à couvrir les frais de la correspondance.

L'adresse à laquelle vous écrirez ici, est celle de M. Philippe Gigot, 8, rue Bodendrock. C'est lui qui aura également la signature des lettres de Bruxelles.

Je n'ai pas besoin d'ajouter que, toute cette correspondance exige de votre part le secret le plus absolu ; en Allemagne nos amis doivent agir avec la plus grande circonspection pour éviter de se compromettre.

Répondez-nous bientôt et croyez à l'amitié bien sincère de

Votre tout dévoué,
Charles Marx
Bruxelles, 5 mai 1846

P. S. Je vous dénonce ici M. Grün, à Paris. Cet homme n'est qu'un cheva-lier d'industrie littéraire, un espèce de charlatan qui voudrait faire le commerce d'idées modernes. Il tâche de cacher son ignorance sous des phrases pom¬peuses et arrogantes, mais il n'est parvenu qu'à se rendre ridicule par son galimatias. De plus, cet homme est dangereux. Il abuse de la connaissance qu'il a établie avec des auteurs de renom, grâce à son impertinence, pour s'en faire un piédestal et les compromettre vis-à-vis du public allemand. Dans son livre sur les socialistes français, il ose s'appeler le professeur (Privatdocent, dignité académique en Allemagne) de Proudhon, prétend lui avoir dévoilé les axiomes importants de la science allemande, et blague sur ses écrits. Gardez-vous donc de ce parasite. Peut-être vous reparlerai-je plus tard de cet individu.


Je profite avec plaisir de l'occasion qui m'est offerte pour vous assurer combien il m'est agréable d'entrer en relation avec un homme aussi distingué que vous. En attendant, permettez-moi de vous dire

Votre tout dévoué,
Philippe Gigot


Quant à moi, je ne peux qu'espérer que vous, monsieur Proudhon, approu-verez le projet que nous venons de vous proposer, et que vous aurez la complaisance de ne pas nous refuser votre coopération. En vous assurant du profond respect que vos écrits m'ont inspiré pour vous, je suis

Votre tout dévoué,
Frédéric Engels

Moi, Tareq Oubrou, imam, pourquoi je dialogue avec Alain Soral ?

Le 18 avril prochain la section Aquitaine de l’association « Egalité et Réconciliation » m’invite à inaugurer un cycle de conférences pour les années 2009/2010. Ce cycle prévoit une série de thèmes très différents comme « La décroissance », « La Nouvelle Ecologie », « Le Christianisme au XXIème siècle » etc. Pour ma part, j’interviendrai sur le thème « Français, Musulman et Patriote ».

J’ai, comme à mon habitude, lorsqu’il s’agit de problématiques liées à l’islam et/ou aux musulmans, répondu favorablement à cette invitation. Invitation à laquelle a aussi répondu le fondateur de cette association, Alain Soral. Une occasion pour moi de rencontrer l’homme.

Depuis près de trente ans, mes profondes convictions d’homme de foi et mon rôle d’homme public m’ont amené à dialoguer avec une grande partie des sensibilités religieuses, philosophiques, politiques de notre pays, je pense cela naturel, normal mais surtout nécessaire.

Cette liberté de dialoguer, dont j’ai découvert les vertus en France, me tient particulièrement à cœur. Comment refuser, dans une période de résurgences identitaires exacerbées une telle rencontre et un tel débat, alors qu’il est pour moi une occasion d’éclairer un public qui sera nombreux, vu la nature et la tournure qu’a pris cette rencontre, sur la réalité théologique et sociologique de l’islam de France devenue une des grandes sources de peur pour l’ensemble de la société.

De plus, ce débat est vivement critiqué par l’extrême-droite antisémite et islamophobe de Bordeaux qui entend venir m’interpeller sur quelques questions. Une occasion de répondre à une sensibilité peu en clin au dialogue mais très bruyante à l’endroit de l’islam et des musulmans.

Il n’est pas aisé pour un homme public, curieux de diversité, d’assumer le dialogue avec un grand « D » et sans conditions. En effet, quand vous parlez avec des sionistes, certains vous reprochent de trahir les palestiniens. Quand vous dialoguez avec ceux qui sont hostiles à la politique d’Israël, certains vous traitent d’antisémite. Quand vous rencontrez des associations homosexuelles, certains sont choqués. Quand vous rencontrez des associations qui défendent fermement les valeurs de la famille traditionnelle, le risque d’être taxé d’homophobe et d’intégriste est plus que menaçant. Quand vous dialoguez avec des chrétiens et des juifs, certains laïcs engagés y voient un complot contre la laïcité. Quand vous êtes engagés dans un dialogue avec des laïcs, certains y voient une connivence douteuse aux dépens du catholicisme, religion majoritaire ...

Mon choix est donc fait : j’opte pour l’éthique qui unit à la fois conviction et responsabilité. Les uns me qualifieraient de naïf, les autres de stratège ambigu… Laissons au temps le soin de juger, il est meilleur juge !

Tareq Oubrou